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LE MONDE

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RENCONTRES : LES DÉÇUS D'INTERNET ou LA REVANCHE DES AGENCES MATRIMONIALES

Je m'étais inscrit sur le site de rencontres virtuelles Meetic car pour moi, les agences matrimoniales étaient chères et ringardes. Mais c'est tout de même grâce à l'une d'elles que je me suis marié », sourit Pierre, gestionnaire d'immeubles. L'explosion des sites de rencontres sur Internet et le développement de l'ADSL laissaient prévoir la mort des agences matrimoniales. « Nous étions 1 400 il y a dix ans ; aujourd'hui, nous ne sommes plus que 700», reconnaît Michel Cassan, directeur de l'agence Inter-contacts. Mais aujourd'hui, ces organismes se sont professionnalisés et les clients à la recherche d'une union stable reviennent peu à peu.

En effet, alors que Meetic est entré en Bourse il y a un an et demi, les rangs des déçus d'Internet ne cessent de grossir. « Jusqu'en 2002, les sites de rencontres souffraient de l'image sulfureuse du Minitel rose. Puis, avec le fol essor de Meetic, s'est installée une ère de sentimentalisme euphorique. Aujourd'hui, on sait qu'Internet fonctionne surtout pour le sexe ; pour les personnes en quête d'une relation sérieuse, on assiste à une véritable désillusion numérique », explique Pascal Lardellier, professeur des sciences de la communication et sociologue des célibataires et des rencontres virtuelles.

Sur la Toile en effet, les mensonges sont légion, et l'amour avec un grand A difficile à trouver. « Les internautes procèdent tous à un lifting identitaire », note Pascal Lardellier. Chacun entend apparaître plus jeune, plus diplômé, moins gros et... davantage célibataire ! « Beaucoup de femmes ou d'hommes mariés se prétendent libres de tout engagement ; les coups bas sont fréquents », fulmine Pierre. Lui-même avoue avoir en son temps menti sur son âge et fui un rendez-vous après avoir aperçu de loin une dulcinée moins jolie qu'elle ne le prétendait...

LA CONFIANCE A UN PRIX

Face à ces errements, les agences matrimoniales présentent aujourd'hui un gage de confiance et de respectabilité. « La majorité de nos adhérents a d'abord tenté sa chance sur Internet. Après des rencontres malheureuses, ils sont revenus vers nous », se réjouit Michel Cassan, dont l'organisme, Inter-contacts, a été le premier estampillé du label qualité Qualicert. Celui-ci a été créé en 2002 pour garantir le professionnalisme des agences. A chaque client, Michel Cassan réclame ainsi des documents, destinés à vérifier leur état civil : carte d'identité, quittance de loyer, relevé d'identité bancaire, justificatif de revenus, attestation sur l'honneur, jugement de divorce ou certificat de décès. Difficile de tricher. « Les moins déterminés se découragent, et les plus motivés sont rassurés. Ensuite, nous effectuons un véritable travail psychologique pour trouver la bonne personne », se rengorge-t-il.

Mais cette confiance a un prix. Alors que l'adhésion à un site Internet s'échelonne entre 20 et 30 euros par mois, le prix d'une agence peut être jusqu'à dix fois plus élevé. « La différence de prix est légitime : les sites de rencontres correspondent au self-service, les agences matrimoniales au restaurant gastronomique ! Les agences les moins sérieuses ayant sombré, notre image de marque en est sortie valorisée ; mais gare aux agences internationales, qui proposent des rencontres avec des femmes slaves et asiatiques : souvent celles-ci ne paient aucune inscription », explique Gilbert Liard, président de l'ordre national des conseillers en relations humaines, syndicat de la profession.

Si la majorité des clients des agences est issue de catégories socio-professionnelles plutôt favorisées, un certain nombre ne gagne guère plus que le smic. Chaque maison a ses spécificités. Ainsi, Alliance Chrétienne, dont le forfait annuel est de 990 euros, organise des week-ends de rencontres pour ses adhérents et regroupe les couples qu'elle a mariés en Association d'amis : « Nous plaçons les relations humaines au centre de notre travail », se félicite son directeur, Patrick Naudin.

Quant au taux de réussite - c'est-à-dire de formation de couples stables -, selon Gilbert Liard, « il oscille entre 2 % et 5 % sur les sites de rencontres virtuelles, qui se vantent pourtant de compter 6 millions d'adhérents, contre 35 % dans les agences matrimoniales ».

Marie Zawisza


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